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[LAFAYETTE, Marie Joseph Gilbert du Motier, marquis de]. LEVASSEUR, André dit Augus-te (1795-1878), écrivain et diplomate français. Il accompagna Lafayette en tant que secrétaire personnel, lors de son dernier séjour aux États-Unis, de juillet 1824 à septembre 1825. Important ensemble de 27 lettres autographes signées adressées à Jean-Pierre Pagès (1784-1866), avocat, encyclopédiste et homme politique ariégeois. Fort lié à Lafayette et à Benjamin Constant, Pagès mena une carrière de jour-naliste à Paris : responsable de l’Encyclopédie moderne en 1818, il collabora à la Minerve et au Constitu-tionnel et publia la relation du voyage de Lafayette aux États-Unis, avec l’aide de Charles Ogé Barbaroux (1792-1867). Environ 81 pp. majoritairement grand in-4. Quelques déchirures ou taches, quelques manques de papier avec minimes atteintes au texte.
Exceptionnelle correspondance contenant le récit du voyage de Lafayette aux États-Unis, en 1824 et 1825, par son fidèle compagnon Levasseur.
Longs récits sur le vif du voyage de Lafayette et Levasseur aux États-Unis, durant deux ans. Ils entretinrent la correspondance suivante avec Pagès, afin notamment de diffuser, en France, les nouvelles de leur voyage. Ces nombreux courriers forment le présent rapport de voyage :
1824
Arrivée à New-York, le 15 août 1824 – Entrée solennelle dans la ville et réception le 16 août – Départ de New-York (20 août) – Visite à Hartford (4 septembre) et retour à New-York (5 septembre), etc.
– [New-York] « 17 août » [1824]. L.A.S. 1 p. in-4. Le départ précipité du paquebot – le peu de temps laissé à Lafayette pour traiter ses affaires personnelles ne permettent pas à Levasseur de donner les détails de leur arrivée à New-York mais le fera dans le courrier suivant.
-[New-York] « 19 août » [1824]. L.A.S. 6 pp. in-4. Ratures. Exceptionnel courrier contenant le récit précis de l’arrivée à New-York de Lafayette, par la main de Levasseur. « [] C’est le dimanche 15 août à 4 heure du matin que nous avons vu ces bords heureux où la liberté a enfin trouvé un asyle que les rois ne pourraient voler impunément. À 9h nous passions sous le fort Lafayette dont l’artillerie retentis-sante annonçait aux citoyens de New-York l’accomplissement de leur voeu le plus ardent. Au même instant un bateau à vapeur abordait et nous amenait une députation nombreuse de Staten Island, à la tête de la-quelle était le jeune Tompkins fils du vice-président des États-Unis qui priait le g[énéra]l de descendre chez lui avant d’entrer à New-York. À dix heures enfin nous prenions terre. Vous décrire les transports de joie qui éclatèrent à la vue du g[énéra]l serait une entreprise ridicule. Il ne s’est jamais rien vu de pareil [] ». Suit une très longue et remarquable description de l’émoi et des honneurs hors du commun faits à Lafayette : salves de cris de citoyens de toutes conditions autour de la baie et des rives de Long Island et de Staten Island, rencontre d’officiels, hommages au « libérateur », repas, fêtes étourdissantes, etc. Levasseur ajoute des anecdotes à son récit minutieux : « un vieil officier révo-lutionnaire qui avait servi sous les ordres du gl venir se jetter en pleurant dans ses bras. La joie de ce vieux soldat de la liberté était tellement vive qu’il ne sortit des du gl que pour se jetter dans ceux de Mr George [Washington Lafayette] ». Les habitants de la ville, envahirent les avenus, se hissèrent sur les arbres et les toits et « l’armée de New-York était en bataille [] le gl en parcourut les rangs à pied et toujours au bruit de l’artillerie ». Étaient présents « La garde de Lafayette » et les combattants pour l’Indépendance rescapés. Levasseur décrit ensuite longuement les magnificences de la réception à l’Hôtel de ville, vaisseaux, matelots, etc.
-[New-York] [seconde partie d’août 1824]. L.A.S. 1 p. ½ in-4. Levasseur confie des courriers et journaux au capitaine du Cadmus : Francis Allyn, destinés à Pagès. « [] des députations se succèdent de toutes les villes et villages du continent [] on nous mande de Washington, aux ministres européens qui s’y trouvent [] ».
– À bord du Steamboat de Hartford à New York, 4 septembre 1824. L.A.S. 4 pp. in-4. Longue rela-tion de la suite des festivités et de la ferveur américaine. « [] Les commerçants, les savants, les artistes, les matelots, les hommes de peine, les pauvres, les riches, noirs et blancs, bien ou mal vêtus, tous introduits sans distinction, viennent, par un mot, par un geste, par une larme exprimer les sentiments de vénération qui les animent. Et moi aussi, lui disait un homme du peuple en lui serrant la main avec transport, et moi aussi je suis un des dix millions d’individus qui vous doivent le bonheur ». Lafayette a insisté pour ne pas être escorté tous les jours par la garde portant son nom. Visite de l’arsenal de marine, notam-ment au son de l’artillerie du « superbe vaisseau » Le Washington, longuement décrit (deux batteries de gros calibres pour défendre les côtes). Le français de New-York et notamment Monneron, homme d’un crédit considérable « aujourd’hui sans fortune, dans un âge avancé ». Les gants, ceintures ou mouchoirs des dames brodés des mots « Welcome Lafayette » avec rubans tricolores à la boutonnière. Relation du départ vers Boston, etc.
– Frankfort et Philadelphie, 28 septembre 1824. L.A.S. 3 pp. in-4. « [] Concevez-vous qu’une popula-tion toute entière, sans en excepter un seul individu, soit animée d’un sentiment si profond de reconnais-sance pour les services rendus par un homme qu’elle n’a pas vu et qui est pour elle de l’histoire ancienne ? Que son enthousiasme soit toujours croissant ? Que le peuple le plus actif, le plus laborieux abandonne tout à coup ses occupations pour suivre sur les grandes routes, à des distances fort éloignées, celui que chacun appelle avec orgueil le père de la Patrie, l’hôte de la nation ? C’est une chose inouïe jusqu’à ce jour ». Levasseur relate ensuite leur visite chez Joseph Bonaparte, dont l’ego fut blessé par l’attention portée à Lafayette plutôt qu’à lui et à sa demeure royale. Description de la population de Philadelphie et de leur accueil « c’est dans la salle où a été signée la première déclaration d’indépendance des États-Unis que le g[énéra]l a été reçu [] », etc.
– Baltimore, 9 octobre 1824. L.A.S. 3 pp. in-4. Censure rétablie en France « néanmoins on laisse passer dans le Constitutionnel et le Courrier quelques détails de notre voyage ». Levasseur demande la traduction des journaux qu’il envoie dans de petits pamphlets pour contourne cette censure. Réunion maçonnique de Philadelphie, relation le l’arrivée à Baltimore, déjeuner avec M. Adams, ministre de la guerre, exposé de la tolérance religieuse aux États-Unis et de l’absence de censure, etc.
– Norfolk, 24 octobre 1824. L.A.S. 5 pp. ½ in-4. Lafayette n’envoie plus de journaux au Constitutionnel et au Courrier à cause de la censure, mais à Pagès et compte sur lui pour communiquer les nouvelles améri-caines à « leurs amis ». « Vous verrez dans le National intelligencer de Washington [] les détails de la récep-tion au chef-lieu du gouvernement ». Levasseur constate que le présent voyage de Lafayette en Amérique est d’une grande utilité à la politique intérieure du pays et excite le sentiment de patriotisme du peuple. Ils ont visité le tombeau du général Washington ainsi qu’Alexandrie, MontVernon et Yorktown, fameuse ba-taille de la guerre d’indépendance. Réception à Norfolk, départ en bateau pour Richemond, capitale de la Virginie. Il ajoute « Nous avons de grand projets pour les deux caroline, la nouvelle Orléans et les états de l’ouest », avant de se rendre à Boston, etc. « Les développements de ce pays sont immenses et la nation avance à pas de géant [] il s’agit d’une révolution à laquelle la France a une grande part ». Le ministre de la France aux États-Unis se tient à l’écart malgré une visite « nous avons tout lieu de le croire chargé de nous faire espionner. L’escadre française était dans la baie de Chesapeake [] ». Il ajoute « à notre retour à Washington nous quitterons le logement de la villa pour nous établir dans la mai-son du Président ».
– Monticello et Fredericksburg, 8 et 22 novembre 1824. L.A. 4 pp. 1/2 in-4. Lafayette se trouve chez Thomas Jefferson, alors âgé, dans son domaine de Monticello : « la belle retraite de l’illustre et excellent Jefferson qui est entouré d’une charmante famille, et dont la santé à 81 ans se soutient à merveille, et qui emploie sa vénérable vieillesse à l’érection d’une superbe université à Charlottesville près de chez lui ». Pagès trouvera dans la gazette que Levasseur lui en-voie « le touchant discours de Monsieur Jefferson. Il a fait couler des larmes de tous les yeux. Les virginiens d’Albemarle et des comtés adjacents s’étaient réunis pour ce repas dans la rotonde du principal bâtiment de l’université, faite à demi-proportion sur le modèle du panthéon à Rome [] ». Lafayette et Levasseur se rendront ensuite à Montpellier, chez James Madison, quatrième président des États-Unis puis iront rendre « quelques visites à la famille Washington ». Lafayette « s’est occupé de l’affaire de l’encyclopédie » de Pagès. Le général projette de passer quinze jours avec le Congrès avant de reprendre le cours de sa tournée à travers le pays. Longue évocation des élections présidentielles américaines à venir.
À propos de l’esclavage : « Tout ici est admirable : les institutions, les développements de prospérité de puissance de et d’industrie. L’instruction et les sentiments de la population. Il n’y a qu’un seul mais c’est l’esclavage des noirs dans plusieurs états. Ce malheur est reconnu généralement. Les difficultés sont immenses. Le général et George reconnaissent une grande amélioration dans la manière dont les noirs sont traités, et vous jugerez bien que c’est souvent un objet de conversation avec les personnes influentes quelque délicat que soit le sujet ».
– Washington, 1er décembre 1824. L.A.S. 2 pp. in-4. Relation du voyage à Baltimore pour l’assemblée d’agriculture – des toasts ont été portés pour les fermiers français de Rozay en Brie et de Meaux. Levasseur encourage Pagès à traduire les gazettes qu’il lui joint et à les faire paraitre les textes en France. Toutes les gazettes reçues par Pagès, après utilisation, doivent être envoyées à la Grange. « Vous remarquerez dans la réponse du général à la ville de Fredericksburg l’intention de faire connaître le sentiment du peuple améri-cain pour les républiques du Sud ».
– Washington, 9 et 10 décembre 1824. L.A.S. 2 pp. in-4. Envoi de journaux américains, notamment ga-zette d’agriculture, rapportés en France par le Capitaine Allyn. Visite de la Caroline du Nord et du sud, de la Georgie, de la Nouvelle-Orléans et « des états de l’ouest remontant le Mississipi et l’Ohio et vraisemblable-ment la chute du Niagara, l’état de Vermont et Boston ».
– [Washington], 25 décembre 1824. L.A.S. 3 pp. in-8. Très intéressante lettre : Levasseur y relate les hésitations puis la décision du Congrès de faire don au Général Lafayette de 200.000 dollars et d’un terrain de 24.000 acres.
– [Washington], 26 décembre 1824. L.A.S. 3 pp. in-4. Courrier adressé à un proche de Pagès. Longues instructions à propos de la répartition des articles traduits provenant des gazettes envoyées depuis l’Amérique par Lafayette et Levasseur et à publier dans le Constitutionnel et le Courrier ainsi que du projet d’encyclopédie de Pagès et ceux de Barbaroux. Relation de la grande réception du Congrès, réception au Capitole, envoi d’articles concernant Haïti, visite à Annapolis, projet de voyage à Boston pour « poser la première pierre du monument de Bunker Hill », etc.
1825
Don fait par le Congrès au général de 200.000 dollars et d’un terrain de 24.000 acres – Banquet et toasts (1er janvier) – Élection de John-Quincy Adams à la présidence des États-Unis (début février) – Pose de la première pierre du monument du général Kalb à Camden (10 mars), etc.
– Washington city, 1er janvier 1825. L.A.S. 3 pp. in-4. Le Congrès débuta la nouvelle année 1825, en of-frant à La Fayette une fête et un banquet. « Le président [Monroë], qui ne parait jamais ordinairement dans ces sortes de fêtes doit y assister ». Correction des faits historiques inexactement relatés au Congrès « Le général n’a point levé de régiment – il n’a point dédommagé le baronet irlandais », et quelques inexactitudes de vocabulaire précises par Levasseur. Contient le texte prononcé « in the house of represen-tation », le 30 décembre 1824, en anglais : « Resolved that a commission be appointed to unite with a committee of the senat, in announcing, to general Lafayette the passage of the act « coucerning him », which has just been approved, and to express to him the respectful request and confidence of the two houses of Congress, that he will add his acceptance of the testimony of public gratitude extended to him by this act to many and signal proofs which he has afforted of his esteem for the United states ».
– Washington city, 12 janvier 1825. L.A.S. 4 pp. in-4. Projet de traduction et de publication de Barbaroux. Relation du diner donné par les deux chambres du Congrès américain « un dîner de ce genre n’avait pas eu lieu depuis l’établissement des États-Unis, et aucun président depuis la Constitution n’avait assisté à un dîner publié hors de sa maison []». Long récit politique des actualités du Congrès et notamment concer-nant l’institution de Westpoint. Visite à l’Assemblée de Virginie – Anniversaire de Washington – visite à mo-nument pour le baron Jean (ou Johann) de Kalb (1721-1780), major-général prétendument alsacien de la guerre d’indépendance des États-Unis, mort à la bataille de Camden – intéressant récit à propos des futures élections présidentielles « les candidats se rencontrent fort amicalement, très obligeamment du moins [] l’animation respective des partis dans la chambre des représentants, assez grande comme vous pouvez croire, ne passera pas les bornes de la convenance et de l’intérêt public [] ».
– Richmond, 23 janvier 1825. L.A.S. 4 pp. in-4. Long et passionnant résumé des évènements marquants de 1824 pour les orientations éditoriales de Pagès. Levasseur relève une erreur dans la relation de rencontre avec Joseph Bonaparte et remet en perspective leurs déplacements futurs à travers l’Amérique.
– Harrisburg, 31 janvier 1825. L.A.S. 1 p. ½ in-4. Visite dans l’Etat de Virginie, assemblée de Pennsylvanie, trajets avec les bateaux à vapeur de James River, retour imminent à Washington avant le départ pour le « grand voyage », c’est-à-dire la suite de leur tournée américaine – félicitations pour « l’aimable travail de Mr. Barbaroux » – réception du clergé, etc.
– Milledgeville, 28 mars 1825. L.A.S. 2 pp. in-4. Visites à Pittsburg et à Charleston, commentaire consacrés aux élections « le midi est fort en colère contre notre ami Mr Clay pour avoir préféré Adams à Jackson ». Honneurs rendus aux anciens compagnons de Lafayette sur le champ de batail : le général Green, Jean de Kalb et Kazimierz Puaski. « Il lui reste à poser la première pierre du monument de Washington à Philadelphie et du monument de Bunker Hill à Boston ». Lafayette est heureux du premier numéro de Barbaroux au sujet de son voyage mais voudrait que ses confrères français consultent ses filles pour les détails biographiques de sa vie : elle « savent toutes les circonstances » ; il relève les erreurs.
– Nouvelle Orléans, 15 avril 1825. L.A.S. 2 pp. ½ in-4. « [] Nous avons traversé les Caroline, la Géorgie, le pays de Creeks, le nouvel Etat d’Alabama et nous sommes à la Nouvelle Orléans [] ». Il s’apprêtent à remonter le Mississipi et l’Ohio. Ils ont été accueilli par 200 femmes « presque toutes fort jolies, de brillants États-majors de milices et des compagnies volontaires, un capucin espagnol de grande influence ici et très républicain, une députation d’indiens Chacktas [Chactas], des représentants au Congrès et à la législature, des citoyens parlant les uns français les autres américains, des proscrits de tous les pays et de toutes les époques, d’où venait de sortir un évêque aristocrate en grande soutane violette et où allait arriver les hommes de couleur libre qui ont combattu le 8 janvier et que le général avait demandé à voir []. C’est une chose bien piquante pour nous de nous trouver au milieu d’une ville presque toute française parlant librement le langage républicain, où l’on entend partout les airs patriotiques de France, où l’on va à la comédie française comme à Paris, et qui fait partie de la confédération des États Unis [] ».
– Louisville, 11 mai 1825. L.A. 2 pp. 1/3 in-4. Relation du naufrage de leur bateau dans la nuit du 8 au 9 mai sur l’Ohio. De nombreux papiers ont été perdus, notamment les lettres échangées avec leurs corres-pondants « des États-Unis et d’Europe ». Il se rendront sous peu dans l’état d’Indiana puis à Cincinnati pour de grandes fêtes données en l’honneur de Lafayette, puis Whilling [Wheeling ?] et Pittsburg. Entre ces deux destinations, ils rendront visite à Albert Gallatin (1761-1849), diplomate genevois et améri-cain, secrétaire du Trésor de 1801 à 1814 et fondateur de l’université de New York.
– À bord de l’Herald, « 22 mai » [1825]. L.A.S. 7 pp. in-4. Relation de leur voyage en Ohio après avoir traversé l’état de Kentucky « et nommément le comté de Lafayette et sa capitale Lexington le pays le plus fertile d’Amérique et dont la culture, les établissements et tout ce qui tient à la civilisation ont fait un pro-grès vraiment miraculeux. Nous sommes ensuite allés à Cincinnati [] ». Réflexions à propos du Bill, de la censure, des State Rights, de la politique de l’état de Kentucky, etc. problèmes de courriers (dont lettres tombées à l’eau), Lafayette refuse de faire armer un vaisseau pour rentrer ne France et préférerait une frégate. À propos de Fanny Wright : « Miss Wright et sa soeur [Camilla] sont arrivées par le nord de la nouvelle Orléans tandis que nous y arriverons par le sud. Nous les avons retrouvés à Natchez et à Louisville État de Kentucky. Notre manière de voyager aux frais des États et des villes dans une marche triomphale par terre et sur des steamboats où l’appartement des dames est toujours réservé pour nous rend impos-sible et même inconvenant pour des femmes de nos amis de faire partie de la caravane. Miss Wright a été malade [] », elle les rejoindra à Washington à cheval, etc.
– New-York, 13 juillet 1825. L.A.S. 4 pp. in-4. Prévisions de retour en frégate vers la France, avec arrivée souhaitée au Havre, à la mi-septembre 1825 environ. « Les marins disent qu’il faut être éloigné de la côte Américaine avant l’équinoxe mais que celui d’automne n’a aucun effet sur les côtes de France ». Un canot anglais qualifié de « bijou » a été offert à Lafayette. Il envoie à Pagès les discours d’Albert Gallatin et du di-plomate américain Daniel Webster (1782-1852). Relation de la célébration de Buncker Hill : le gouverneur de Géorgie George Michael Troup (1780-1856) et futur sénateur au Congrès des États-Unis « tout aimable qu’il a été pour nous est [] en vérité un peu timbré. Il ne sera pas renommé gouverneur ». Relation de la fête du juillet à New-York. L’université de Cambridge a accepté de souscrire à l’encyclopédie de Pagès. Il évoque la mort de Cucq, Dupomeau, Dupont de l’Eure, etc.
– Philadelphie, 25 juillet 1825. L.A.S. 1 p. ½ in-4. Départ imminent pour Baltimore et Washington. Départ pour la France sur la frégate le Brandywine vers le 8 septembre suivi d’une traversée de « 22 à 25 jours ». Réception à la société philosophique avec éloge de l’encyclopédie de Pagès devant les membres. Souscrip-tions des universités de Cambridge et de Virginie.
– Baltimore, 1er août 1825. L.A.S. 1 p. in-4. « [] les derniers temps de notre séjour ne sont pas moins agréables et affectueux que le premier jour du débarquement. Nous ne pouvons trouver personne qui ait comme nous visité les 24 états de l’Union ».
– Washington, 11 août 1825. L.A.S. 3 pp. in-4. Arrivée possible à Cherbourg – « La belle frégate le Brandywine est dans le Potomac sous nos yeux en vue de nos fenêtres ». Le commodore Moriss la com-mandera. Visite chez James Monroe avec John Quincy Adams avant de voir James Madison et Thomas Jefferson : « nous venons de faire une visite à Mr Monroe dans sa campagne à 35 milles d’ici. Le président actuel est venu avec nous. L’ex-Président, le colonel Monroe, est simple citoyen. Le Président nous conduisant dans sa voiture en payait lui-même aux bar-rières, et nous avons vu un des percepteurs lui redemander 25 sols qui manquaient au compte. Il n’y a que nous qui ne payons pas en qualité d’hôtes de la nation ». Dîner publique avec les deux Présidents puis visite à deux autres Président : Madison et Jefferson, etc.
– Washington City, 28 août 1825. L.A.S. 3 pp. in-4. Les émouvants adieux : « Nous arrivons de nos visites aux trois vieux amis du Général, habitants la Virginie, les ex-présidents Jefferson, Madison et Monroe. Ce sont des adieux pénibles surtout à l’égard de Monsieur Jefferson dont la santé est très mauvaise []. Nous ferons une visite au tombeau et à la famille du général Washington. Le 6 septembre jour de la naissance du général nous dînerons chez le Président [Adams]. Le 7 au matin nous prendrons congé du premier magistrat de la nation et nous irons sur un steamboat joindre la frégate ». Relation des détails de leur départ, prévus par le gouvernement et description du Brandywine « de la plus grande beauté ».
– S.l., 22 septembre [1825]. B.A.S. 1 p. in-8 oblong. Bref billet : arrivée à Albany, départ pour Philadelphie, etc.
-La Grange, 11 octobre 1825. L.A.S. 3 pp. grand in-4. Lafayette et Levasseur sont rentrés au château de La Grange, après « une absence de 15 mois » aux États-Unis et goûtent un repos mérité. « la maladie, ou plutôt le noble enthousiasme des américains a gagné la commune de court Palais [Courpalay, en Seine-et-Marne] et de sa banlieue et depuis trois jours la musique, la danse, les cris de joie retentissent sous les voutes de Lagrange depuis si longtemps attristées par l’absence et l’inquiétude ». Levasseur et La-fayette verront Pagès la semaine suivante, à Paris, « nous vous étourdirons de nos récits » de voyage. Il liste ensuite quatre requêtes : – joindre des courriers à une lettre destinées à Pierre-Étienne Du Ponceau (1760-1844), [linguiste, philosophe et juriste français, avait émigré aux États-Unis en 1777. De-venu sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, il sera Président de la Société philosophique américaine et publia plusieurs études consacrées aux langues amérindiennes et chinoises]. – envoyer ces mêmes cour-riers « à Mr. Seaton » du National intelligencer’s office à Washington. – envoyer un billet au Consul améri-cain à Paris. – « ne point exiger que je vous détaille maintenant tout ce qui nous est arrivé depuis que nous avons quitté la terre des hommes [les États-Unis] et que nous avons touché le royaume des gendarmes [des espions, et des infâmes, c’est-à-dire la France], car ce serait fort long ». Il signe ces propos au nom du mar-quis de La Fayette, de Georges Washington de Lafayette et de lui-même :« trois voyageurs qui revien-nent de l’autre monde et qui ont bien de la peine à se r’habituer à celui-ci quant aux Institutions poli-tiques [] ».
Levasseur fera publier : La Fayette en Amérique, en 1824 et 1825, ou Journal d’un voyage aux États-Unis, par A. Levasseur, secrétaire du général La Fayette pendant son voyage. Paris, Baudouin, 1829, (Bibliothèque nationale, Ln27 10923).